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Expérimenter avec les chevaux pour faciliter les nouvelles connexions neuronales

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Emotions agréables… plus rares ?

Si nous faisions des statistiques sur nos ressentis émotionnels quotidiens… que ressortirait-il ?

Si je fais le compte, j’ai l’impression d’avoir plus souvent expérimenté la peur (crainte, inquiétude, souci, angoisse, panique,…), la colère (agacement, énervement, colère, rage,…), la tristesse (peine, chagrin, deuil,…) que la joie (contentement, bonheur, soulagement, joie, euphorie…) !

Les zones du corps humain qui réagissent aux émotions – sciencesetavenir.fr

http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20140107.OBS1589/les-zones-du-corps-humains-qui-reagissent-aux-emotions.html

Si j’en crois les études scientifiques, je partage cette répartition inégale avec chacun : le cerveau humain traite moins activement les expériences émotionnelles agréables (celles liées à l’émotion de joie : le contentement, le bonheur, le soulagement, la paix, le bien-être, l’euphorie,…), il est « fabriqué » pour être vigilant sur les dangers potentiels, les informations liées à la survie et à la sauvegarde de notre intégrité physique et psychique : « Ça brûle ! je retire ma main ! » ; « Il y a un danger, je me mets à l’abri » ; « Cela me fait mal, je dis stop ! »…

Après tout, ne pas ressentir si souvent la joie ou le bonheur serait finalement normal ?

Peut-être n’ai-je pas besoin de m’en vouloir, d’en vouloir à mes parents pour ne pas m’avoir appris à les reconnaitre et à en profiter ?

Parmi la cinquantaine de « neuromédiateurs » (ces discrets messagers chimiques qui nous permettent de savoir si l’expérience vécue est à classer dans la catégorie « agréable ! » ou « désagréable ! »), seul un petit nombre gère directement les impressions de bien-être. Dans le cerveau, les aires dédiées à la réception et au traitement des différents acteurs du plaisir (neurotransmetteurs, hormones et phéromones : dopamine, sérotonine, ocytocine, endomorphines, testostérone et progestérone…) sont moins nombreuses que celles liées à la réception et au traitement des différents acteurs de la douleur et de la peur (nombreux nocicepteurs, récepteurs sensoriels de la douleur, hormones et neurotransmetteurs tels que l’adrénaline, la noradrénaline, les glucocorticoïdes…).

Question de priorité…

Notre système interne semble donc prioritairement dédié aux ressentis désagréables… C’est comme s’il lui était plus important de nous signaler les dangers et les risques que de nous remercier pour être restés vivants et en suffisamment bonne santé.

Une moins grande capacité neuronale à traiter les messages de plaisir…

En réalité, lorsque nous faisons ce qu’il faut pour rester vivants (durablement, en tant qu’espèce : répondre à nos besoins fondamentaux), notre cerveau nous signale que nous avons fait ce qu’il fallait en nous permettant de ressentir une sensation agréable : récompense physiologique)…

Ainsi, la plus grosse part de la prise d’information et du traitement de cette information est liée au processus de survie : les ressentis (physiques et émotionnels) les plus courants permettent d’agir pour rester en sécurité et en suffisamment bonne santé. Les ressentis agréables, moins directement utiles pour assurer notre survie, viennent au second plan.

Une bonne nouvelle !

Nous ne vivons plus dans le froid et l’humidité des cavernes, à devoir nous garder des prédateurs nombreux et puissants en espérant tuer suffisamment de gibier pour avoir de quoi manger pendant quelques jours… Nos conditions de vie sont, pour la plupart de ceux qui liront ce billet, des conditions qui nous assurent une sécurité suffisante au quotidien (abri, nourriture, chaleur…)

Des ressentis désagréables… mais toujours utiles !

Pour autant, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! Même si nos conditions de vie ont évolué, notre vigilance pour survivre reste un processus éminemment utile : apprendre à ne pas traverser la rue en courant lorsque nous risquons de nous faire écraser, retirer la main du feu avant d’être brûlé, savoir dire non face à une exigence injuste… Nous sommes confrontés actuellement à d’autres types de menaces : les pressions ont changé de nature mais nous devons encore nous protéger ! (Il ne s’agit plus d’un tigre aux dents de sabre affamé, mais peut-être d’un travail sous contrainte, de la pression du temps, d’une trop grande auto-exigence, d’angoisses pour l’avenir…)

Il s’agit donc, non pas de diminuer nos capacités à ressentir ce que nous trouvons désagréable (sensations physiques ou ressentis émotionnels : douleur, peine, colère, inquiétude…) mais plutôt à augmenter notre conscience des ressentis agréables (bien-être, soulagement, contentement, joie…)

Le cerveau est « plastique » : nous pouvons créer de nouveaux circuits !

Mais pour pouvoir ressentir ces différentes expériences émotionnelles liées à la joie, encore faut-il que nous ayons suffisamment de neurones connectés et prêts à capter les neurotransmetteurs du plaisir ! Nous devons pour cela créer de nouvelles connections neuronales, et les entrainer pour qu’elles automatisent leur activation et leur fonctionnement.

Connections neuronales, axones, synapses, myéline…

Comment créer ce circuit dans le cerveau et le rendre agile ?

Notre cerveau perd des neurones à chaque instant… mais il est aussi capable de créer des connections entre ses neurones et capable de les gainer de myéline pour que l’information circule rapidement et efficacement. Et cela se fait très simplement : en agissant, en observant et en rendant conscient !

Penser à une action et agir permet de créer les connections neuronales.

Observer l’action et les résultats qu’elle produit (en moi-même et dans mon entourage) permet de renforcer ces nouvelles connexions neuronales.

Rendre conscient les actions et les bénéfices que j’en tire (« je profite de mon bien-être») permet de renforcer encore ces connexions neuronales et de les automatiser petit à petit.

C’est comme si nous « musclions » notre cerveau par un entrainement régulier, pour qu’il puisse développer ces capacités encore trop timides…

Se créer des occasions de ressentir du bien-être…

Ainsi, si je note le soir de quelles actions j’ai été contente dans ma journée (ou dont j’étais fière, ou satisfaite…), je vais peu à peu aider mon cerveau à prendre en compte plus facilement les différentes situations qui me font du bien. Je vais de mieux en mieux savoir les distinguer, les apprécier, les prolonger, les amplifier… Et dans mon cerveau, les neurones dédiés en tant que « capteurs de neurotransmetteurs de dopamine » étant plus nombreux, je vais ressentir de plus en plus souvent ces expériences émotionnelles qui me signalent que je réponds à mes besoins fondamentaux ainsi qu’à mes besoins plus élaborés : je me réjouirai plus souvent, mon système immunitaire sera plus actif et plus puissant, et j’agirai de plus en plus souvent pour me mettre en situation de bien-être…

Expérimenter avec les chevaux pour faciliter les nouvelles connexions neuronales…

Au contact de ces grands animaux extrêmement sensibles, il nous est plus facile d’être présents  : Les échanges avec les chevaux nous amènent à sentir, intégrer et ajuster rapidement notre position et nos actions. L’adaptation continuelle issue de l’expérimentation avec les chevaux, crée de nouvelles connexions neuronales qui se renforcent à l’occasion de chaque interaction avec eux. Nous développons ainsi une agilité émotionnelle qui nous permet de mieux réaliser nos objectifs que ce soit lors de l’expérimentation avec le cheval comme dans notre vie de tous les jours.

Comme les chevaux ne nous jugent pas, comme ils recherchent continuellement le bien-être, nous avons l’opportunité de développer en leur présence tous nos ressentis… dont ceux du plaisir, du contentement, de la joie…

En respectant nos processus émotionnels désagréables et en développant nos processus émotionnels agréables, nous pouvons bénéficier plus pleinement de nos émotions et prendre des décisions puis agir de façon à mieux vivre, en sécurité et en accord avec nous-mêmes.

Cécile Gilbert Kawano & Anne MathieuMai 2014

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